ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 1104

LE PAPILLON, OU LETTRES PARISIENNES (1746-1751)

1Titres Le Papillon, ou Lettres parisiennes; Ouvrage, qui contiendra tout ce qui se passera d'intéressant, de plus agréable & de plus nouveau dans tous les Genres.

2Dates Lundi 19 décembre 1746 - lundi 25 décembre 1747; jeudi 15 juillet - jeudi 21 octobre 1751. Au total 4 volumes, petit in-8º, respectivement datés de 1746, 1747, 1748 (!) et 1751.

Aucun privilège annoncé, aucun prospectus connu. Périodicité hebdomadaire, les «lettres», chacune d'une feuille in-8º, paraissant le lundi en 1746 et 1747, le jeudi en 1751, avec quelques irrégularités relevées ci-après. A noter que chaque numéro contenant en principe une lettre de nouvelles écrite et datée de Paris (ou censée telle) porte en tête sa date hebdomadaire et à la fin, ou vers la fin, une date «parisienne» qui accuse généralement un décalage d'une dizaine de jours sur l'autre.

3Description Les trois premiers tomes, qui comptent chacun 20 «lettres», numérotées I-XX, et par conséquent 320 p. in-8º, s'enchaînent sans interruption, le t. I allant du lundi 19 décembre 1746 au lundi 13 mars 1747, avec sept «feuilles extraordinaires» datées des jeudis 12 et 26 janvier, 9, 16 et 23 février, et 9 mars 1747; le t. II allant du lundi 20 mars au lundi 7 août 1747, sans feuille le lundi 31 juillet; le t. III allant du lundi 14 août au lundi 25 déc. 1747. Le t. IV, qui ne compte que 18 lettres et 292 p., paraît ou reparaît après plus d'une année et demie d'interruption[201] et va du jeudi 15 juillet au jeudi 21 octobre 1751, avec quatre «feuilles extraordinaires» datées des lundis 19 juillet, 30 août, 6 et 20 septembre, mais sans feuille le jeudi 14 octobre.

95 x 150.

Aucune devise, aucune illustration, sinon au titre du t. I (dont le texte est entièrement imprimé en rouge) une vignette gravée, signée D. Coster[202], représentant un cours d'eau et portant cette légende: crescit eundo.

4Publication Adresse des t. I-III: «A La Haye, chez Antoine van Dole, Libraire à l'Enseigne de Hugo Grotius»; adresse du t. IV: «A La Haye, chez Antoine van Dole & Compagnie, Libraires à l'Enseigne de Hugo Grotius, demeurant dans le Paapestraat»[203].

Prix au numéro: «6 sols pour la première Feuille et le Titre etc. et les Feuilles suivantes chacune 3 sols» (t. I, p. 64). La feuille coûte toujours 3 s. en 1751 (t. IV, p. viii). Il ne semble pas y avoir eu d'abonnement, mais en août 1751, les trois premiers tomes, brochés, se vendaient 6 # (t. IV, p. 116).

Le périodique, en 1747, se trouvait en vente à Breda, Utrecht, Gouda, Amsterdam, Haarlem, Rotterdam et Leyde (t. I, p. 64).

5Collaborateurs La dédicace de l'ouvrage à [Christoph Heinrich von] Ammon, ministre de Prusse à La Haye, n'est signée que de trois astérisques, mais l'auteur est nommé dans l'Avertissement des libraires en tête du t. IV: «L'acceüil favorable dont on a favorisé Le Papillon ou Lettres Parisiennes nous a engagé à répondre au désir ardent que Monsieur le Chevalier de Mouhy nous a témoigné de continuer cet Ouvrage». L'attribution du Papillon à Charles de Fieux, chevalier de MOUHY (1701-1784) n'a jamais fait de doute[204].

Dans la première lettre du t. I, Mouhy fait appel à des collaborations occasionnelles: «L'Auteur prie très humblement Mrs. les gens de Lettres de vouloir bien adresser franc de port au Libraire qui publie ces Feuilles les vers ou les Ecrits qui pourroient contribuer à rendre cet Ouvrage digne du Public» (p. 16). Cet appel n'est pas resté sans réponse, mais la plupart de ces collaborations, comme on va le voir, sont restées anonymes.

6Contenu Le Papillon est bien nommé, car son auteur ne cesse en effet de papillonner dans l'actualité parisienne, faisant écho aux nouvelles politiques, militaires et judiciaires, rapportant les faits divers, «aventures» et scandales du jour, analysant les tragédies nouvelles et signalant les principaux spectacles de Paris et de Versailles, brossant le portrait des personnalités en vue (le maréchal de Belle-Isle, le cardinal de Tencin), donnant des extraits des livres nouveaux les plus lus, reproduisant force épigrammes, fables, odes, madrigaux, chansons (même avec la musique, t. IV, p. 61-62), parodies et autres poèmes de circonstance, sans oublier les pièces de vers couronnées par les Académies. Grand animateur de la vie parisienne d'alors, Voltaire fait naturellement beaucoup parler de lui.

Le Papillon se targue d'être le premier à publier quelques beaux inédits, tels «La Solitude de Vredeburg, poème par Mr. B. de L.M.» (t. II, p. 209-216), l'épître en vers de Voltaire à la duchesse du Maine «Auguste fille et mère de héros» (t. II, p. 310-314)[205], les trois Odes sur la Religion de l'abbé [Maurice] de C[laris] (t. III, p. 1-13), l'épître en vers de l'abbé de Bernis au comte de F[orcalquier] (t. III, p. 55-59), etc.

Parmi les livres nouveaux qui font l'objet d'extraits, on relève la douzième et dernière partie de la Vie de Marianne de Marivaux (t. I, p. 146-152), Pantin et Pantine de Th. L'Affichard, un Essai sur l'amour de la patrie (t. II, p. 266-272), les Observations pour servir à l'histoire des gens de lettres de Moncrif, l'Histoire de la félicité de Voisenon, les Plaisirs secrets d'Angélique de l'abbé Delrue, les Mémoires de Cécile de Pierre-Antoine de La Place (tous au t. IV). En outre, Mouhy se livre à deux reprises à une petite revue des nouveautés de la librairie (t. IV, p. 10-15 et 72-76).

Quant aux collaborations occasionnelles, elles ont donné lieu à la publication d'une dizaine de «pièces communiquées», notamment un «Discours sur la Mérope de Mr. de Voltaire» (t. I, p. 139-142, 193-201), des vers «A Monsieur Piron» (t. I, p. 223), un «Essai de Traduction du nº 153 du Babillard, faite par Madame de ***» (t. II, p. 168-172), une lettre à Voltaire «sur son Discours à l'Académie Françoise» (t. III, p. 358-368), des «Remarques critiques sur quelques Pensées de Sénèque» envoyées par [François-Antoine] Chevrier, etc. ainsi qu'à l'insertion d'une vingtaine de lettres, choisies semble-t-il parmi beaucoup d'autres[206], la plupart anonymes, quelques-unes signées d'initiales: D.C., E.D., J.D.C., N.N., S.A.P. de C., trois seulement portant le nom de leur auteur: Piron, de Paris, le 13 février 1747 (t. I, p. 233-237), S. Kragman, d'Amsterdam (t. I, p. 239) et le vicomte de Rabaillac, d'Amsterdam également (t. II, p. 30-31)[207].

Véhicule d'une actualité littéraire qui se veut «agréable», le Papillon ne tombe ni dans les querelles d'école, ni dans les attaques personnelles, même si d'aventure Baculard d'Arnaud (IV, 81-91) et Voltaire sont un peu malmenés.

Aucune table.

7Exemplaires Exemplaires localisés: B.P.U. Genève, Hf 1190; B.U. Leyde, 702 F 9-10; Ars., 8º H. 26570 (sans le t. II); B.A.A., 38bis I 13; Herzog August Bibliothek, Wolfenbüttel, Lm 2681 (les t. II et III seulement).

Jean-Daniel CANDAUX

 

Δ 201. Si l'on en juge par la Préface du t. III, la guerre de Succession d'Autriche et les hostilités déclarées entre la France et les Provinces-Unies ont été pour quelque chose dans cette interruption.

Δ 202. Identifiable apparemment à David Coster, graveur actif à La Haye dès 1696 (Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeine Lexikon der bildenden Künstler, Leipzig, 1912, t. VII, p. 542).

Δ 203. Sur ce libraire-éditeur, voir E.F. Kossmann, De Boekhandel te 's-Gravenhage tot het eind van de 18de eeuw, 's-Gravenhage, 1937, p. 94-96.

Δ 204. La notice de DP2 donne sur lui les renseignements et références utiles.

Δ 205. Bengesco 779 ignore cette édition, mais mentionne celle du Mercure de France d'août 1747, que Mouhy (t. III, p. 123-124) affirme hautement avoir devancée.

Δ 206. Il est question entre autres de «Lettres Anonimes en nombre» (t. I, p. 272), de «31 Lettres qu'on nous a fait l'honneur de nous écrire, non seulement de ces Provinces, mais encore de Francfort, d'Aix-la-Chapelle, de Trèves, etc.» (t. II, p. 140-141), etc.

Δ 207. Qui avait commencé par écrire une lettre, non publiée, «en Gascon et d'un stile vif et harmonieux» (t. I, p. 144).

 


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