ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 333

CRITIQUE DÉSINTÉRESSÉE (1730)

1Titres Critique désintéressée des journaux littéraires et des ouvrages des savans. «Par une Société de Gens de Lettres».

2Dates Janvier - septembre 1730. Trois tomes. L'Avertissement de l'auteur en tête du t. I annonce un volume par mois et un supplément trimestriel; l'Avertissement de l'éditeur, à la fin du tome, annonce un volume tous les deux mois; chaque tome paru correspond en fait à trois mois: janvier-février-mars (t. I), avril-mai-juin (t. II), juillet-août-septembre 1730 (t. III). Aucune trace de livraisons séparées.

3Description Chaque tome trimestriel est composé d'articles et de nouvelles littéraires: t. I (252 p., tables et avis de l'éditeur): 14 articles et nouvelles littéraires; t. II (230 p., tables et index des noms): 10 articles et nouvelles littéraires; t. III (238 p., tables): 11 articles et nouvelles littéraires annoncées pour le volume suivant.

Cahiers de 16 p. in-8º, 91 x 156 (t. I et II) et 95 x 160 (t. III).

4Publication A La Haye, chez Chrétien Van Lom.

5Collaborateurs François BRUYS (1708-1738). La page de titre annonce une «Société de Gens de Lettre»; Desfontaines désigne une «Communauté d'écrivains flamands, dirigée par un glorieux rival de Bayle» (Nouvelliste du Parnasse, t. I, p. 29). Il s'agirait donc de Camusat, de Bruzen de La Martinière et de La Barre de Beaumarchais, plusieurs fois nommés par Desfontaines. La collaboration des deux premiers est infiniment probable, ne serait-ce que par la conception du journal. Janiçon et Saurin sont étroitement associés aux polémiques du journal, mais Bruys en a certainement rédigé la plus grande partie. Il est aidé par Michel Falaiseau pour le t. III (art. 6, 7, 10): les deux hommes seront condamnés simultanément par la Cour de Hollande en juillet 1731. S. Larkin a signalé également la collaboration de Prosper Marchand, notamment dans le t. II, art. 4, à propos d'une critique de Milton («Correspondance entre Prosper Marchand et le marquis d'Argens», Studies on Voltaire, t. CCXXII, 1984, p. 125).

6Contenu Contenu annoncé: critique des journaux, critique littéraire, annonces et comptes rendus.

Contenu réel: dès le 1er tome, la polémique avec la Bibliothèque raisonnée autour de l'affaire Saurin occupe une place importante (art 5, 10, 11), mais cette place envahit progressivement les deux tomes suivants, jusque dans les comptes rendus et les nouvelles. Sommaire des articles: t. I: 1) Journal des savants; 2) Journal littéraire; 3) Bibliothèque germanique; 4) Bibliothèque française; 5) Bibliothèque raisonnée; 6) Bibliothèque italique; 7) Lettres sérieuses et badines; 8) traduction de Salluste; 9) Dialogues critiques et philosophiques; 10) Lettre de La Martinière à l'abbé d'Olivet; 11) Dissertation sur le mensonge officieux; 12) Lettres choisies de R. Simon; 13) Le Grand Théâtre sacré du Duché de Brabant; 14) Le Grand Théâtre profane du duché de Brabant. T. II: 1) Journal des savants; 2) Bibliothèque raisonnée; 3) Lettres sérieuses et badines; 4) graduction du Paradis perdu; 5) traduction de C. Nepos; 6) réponse à A.D.L.C. (Armand de La Chapelle); 7) Histoire militaire du prince Eugène; 8) apologie de P. Maty; 9) Etat présent des Provinces-Unies; 10) Bibliothèque française. T. III: 1) Journal des savants; 2) Journal littéraire; 3) Bibliothèque raisonnée; 4) Lettres sérieuses et badines; 5) Bibliothèque française; 6) lettre de P. Maty; 7) Nouveaux éclaircissements sur l'affaire de M. Saurin; 8) examen de la manière de prêcher...; 9) Vie de Mahomed; 10) sermons de T. Huret; 11) Abrégé de l'Histoire d'Angleterre.

Principaux auteurs attaqués: La Chapelle, Chais, Beaumarchais. Principaux auteurs défendus: La Martinière, Saurin, Janiçon, Maty, Camusat, Boulainvilliers, G. Dumont.

Sommaires en fin de volume, index à la fin du t. II.

7Exemplaires B.M. Grenoble, F. 18956 (trois tomes reliés en 2 vol.); B.N., Z 12819-12821; Ste G., AE 8º sup 3005; Ars., 8º jo 18740.

8Bibliographie B.H.C., DP2, art. «Bruys», «Falaiseau».

Mémoires historiques, critiques et littéraires (par Joly), Paris, Hérissant, 1751, 2 vol.

Historique François Bruys est arrivé à La Haye le 3 juillet 1728: «A peine fut-il à La Haye qu'il chercha le moyen d'y subsister avec bienséance. La crainte de tomber dans l'indigence le rendit auteur...» (Mémoires historiques, critiques et littéraires, t. I, p. 2). C'est à l'instigation de La Martinière qu'il entreprend la Critique désintéressée; mais Camusat était depuis 1722 l'associé de La Martinière et c'est certainement à lui que revient l'idée d'un journal sur les journaux; l'Histoire critique des journaux développera en 1734 un plan que F. Bruys a finalement trahi. La Martinière a entraîné Bruys dans une interminable polémique avec les auteurs de la Bibliothèque raisonnée; il le pousse à publier la Dissertation sur le mensonge officieux de Saurin (t. I, art. 11), et à divulguer la procédure des synodes de Campen et de La Haye. «Pendant la tenue de ce synode M. Bruys avait travaillé au troisième volume de la Critique désintéressée, qui parut à la fin du mois de septembre» (Mémoires historiques, t. I, p. 4). Poursuivi, Bruys se sauve d'abord en Angleterre, puis revient préparer son procès, mais il est désavoué par Saurin le 7 octobre 1730 (ibid., p. 7). Chrétien Van Lom est interrogé le 16 novembre (voir M. Couperus, Un périodique français en Hollande, «Le Glaneur historique», La Haye, Mouton, 1971, p. 96), et Bruys est condamné le 27 juillet 1731. Le t. III de la Critique désintéressée est supprimé, le journal interdit; ruiné, Bruys doit s'exiler en Allemagne. L'erreur de Bruys fut sans doute, aussitôt sa conversion au protestantisme, de céder aux avances de La Martinière et d'attaquer l'Eglise protestante de Hollande. Poussé en avant par La Martinière, Saurin et Janiçon, il prend tous les risques, signant ouvertement de son nom «François de Bruys» (t. III, p. 157), et supportera seul les conséquences du procès. Plus imprudent que La Barre de Beaumarchais (voir les Lettres sérieuses et badines), il ne parvient pas à sauver un journal qu'il avait à peine ébauché. Ce bref journal d'un prosélyte de vingt ans vaut surtout comme témoignage sur les milieux réfugiés en Hollande.

Jean SGARD

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)