ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 199

CATALOGUE HEBDOMADAIRE (1763-1789)

1Titres Catalogue hebdomadaire, «ou Liste des Livres, Estampes, Cartes, Ordonnances, Edits, Déclarations, Arrêts, qui sont mis en vente chaque semaine, tant en France qu'en Pays étrangers; l'indication des Volumes, du nombre & de la grandeur dont ils sont formés; les noms des Auteurs, la nature du Papier & du Caractère &c., que l'on a employés, & les adresses des Libraires ou autres qui les vendent». Ce titre est modifié en 1767 en Catalogue hebdomadaire «ou Liste alphabétique des Livres, tant nationaux qu'étrangers...».

Devient à partir de 1782: Journal de la Librairie «ou Catalogue hebdomadaire contenant par ordre alphabétique, les Livres tant Nationaux qu'Etrangers; les Arrêts du Conseil & des Parlemens, Déclarations & Edits du Roi, Extraits du Conseil & des Registres des Parlemens, Lettres-Patentes du Roi, Ordonnances, Sentences, &c., Cartes géographiques, Musique & Estampes, qui sont mises en vente chaque Semaine, avec l'indication des Auteurs, du format, du nombre & des prix des volumes, & les adresses des Libraires & autres qui les vendent».

Le Journal de la Librairie est remplacé en 1791-1792 par la Feuille de correspondance du Libraire «ou Notice des Ouvrages publiés dans les différens journaux qui circulent en France & dans l'Etranger...», puis par le Journal typographique et bibliographique de P. Roux de 1797 à 1810.

En 1810 est fondé le Journal général de l'Imprimerie et de la Librairie, qui devient en 1811, par décret de Napoléon du 14 octobre, la Bibliographie de l'Empire français ou Journal de l'Imprimerie et de la Librairie, puis en 1815 la Bibliographie de la France.

2Dates Le Catalogue hebdomadaire et le Journal de la Librairie paraissent régulièrement chaque semaine de 1763 à 1789; la feuille paraît le samedi; chaque volume annuel regroupe les 52 feuilles; à partir de 1776, les premiers volumes seront réimprimés afin de compléter les collections. Le premier volume du Catalogue donne séparément les livres publiés en France (en 52 feuilles) et les livres publiés à l'étranger (en 23 feuilles seulement). Le Journal de la Librairie publie des suppléments.

3Description A ses débuts, le Catalogue hebdomadaire se réduit à une seule feuille de 2 p. encadrées, format in-8º, imprimée sur deux colonnes (125 x 192); la liste des titres et la liste des prix sont clairement détachées; les titres sont donnés par classes (théologie, jurisprudence, sciences et arts, lettres, arrêts, divers, etc.); à partir de 1764, les livres étrangers apparaissent dans la dernière rubrique et le numéro compte 4 p. Le Journal de la Librairie est imprimé sur 2 et plus souvent 4 ou 6 p..

4Publication A Paris, chez Despilly, libraire rue Saint-Jacques, à la Croix d'Or, puis, à partir de 1773, rue Saint-Jacques, de l'Imprimerie de Philippe-Denys Pierres, imprimeur ordinaire du Roi. L'abonnement annuel est de 6 # 12 s.

5Collaborateurs Louis-Joseph de BELLEPIERRE DE NEUVE-ÉGLISE jusqu'en 1773, puis Philippe-Denys PIERRES.

6Contenu Le programme est donné dans le titre développé, mais l'Avis en tête du t. I réduit déjà l'ampleur du projet: «On y indiquera les Titres, les Formats & le Nombre des Pages que contiendront les Livres nouveaux & permis qui paroîtront, soit en France, soit chez l'Etranger, & dont l'entrée sera permise à Paris; l'on y mettra les Prix des dits Livres reliés ou brochés, ainsi que le Nom des Libraires qui les débiteront». Les descriptions bibliographiques données par le journal sont loin de répondre aux ambitions du programme initial. Les auteurs se contentent de reproduire les listes fournies par les libraires, avec les prix, sans vérification et sans avoir l'ouvrage en main; il leur arrive fréquemment d'annoncer plusieurs fois le même livre, comme le faisaient les nouvelles littéraires des journaux savants; P.D. Pierres tente vainement en septembre 1774, de rappeler à l'ordre les libraires: «MM. les Auteurs, Editeurs & Libraires sont priés d'envoyer exactement à l'adresse ci-dessus indiquée, les titres corrects de ce qu'ils voudront faire annoncer, ainsi que le format, le prix et la demeure du Débitant». Malgré de nombreuses erreurs et les contradictions entre les feuilles et les tables annuelles, malgré les restrictions apportées par les privilèges ou permissions et le contrôle des entrées en France, le Catalogue hebdomadaire et le Journal de la Librairie n'en donnent pas moins un reflet de la production. Relativement complets pour les cartes, la musique et les estampes, parfois bien informés sur la publication des arrêts et ordonnances (mais avec des lacunes graves de 1772 à 1775), ils donnent annuellement une liste de 450 à 600 titres jusqu'en 1782, puis d'un millier de titres jusqu'en 1789 (voir le tableau établi par R. Estivals, p. 366).

7Exemplaires B.N., Q 4149-4167 et 8º Q 12078 (salle des catalogues et l'hémicycle).

8Bibliographie Delalain P., «Les ancêtres de la Bibliographie de la France», dans la Bibliographie de la France, 1911, p. 223 et suiv. – Estivals R., La Statistique bibliographique de la France sous la monarchie au XVIIIe siècle, Paris, Imprimerie nationale, 1965, p. 171-174, 363-368, 381-382.

Historique Alors que le XVIIe siècle avait surtout connu les bibliographies rétrospectives et les «bibliothèques choisies», on voit apparaître au XVIIIe siècle des bibliographies courantes qui tentent de donner un état de la production réelle. Cette fonction a d'abord été dévolue aux journaux savants qui, dans leurs nouvelles littéraires, fournissaient souvent une liste des ouvrages nouveaux, avec de brèves notices. On retrouve dans les Annales typographiques (1751-1763) cette méthode, étendue à l'ensemble du journal, mais il s'agit encore de sélections portant sur les années écoulées. Au moment où cessaient les Annales typographiques, Bellepierre de Neuve-Eglise, agronome de Saint-Omer, eut l'idée de donner chaque semaine, d'après les listes fournies par les libraires, un catalogue des livres nouvellement publiés; le titre développé de son Catalogue montre qu'il songeait à de véritables descriptions bibliographiques; mais les libraires ne lui fournirent jamais que des annonces analogues à celles qu'ils envoyaient aux journaux traditionnels. Neuve-Eglise semble alors avoir tenté de doubler ce catalogue sommaire par une bibliographie méthodique et récapitulative. Il annonce comme étant sous presse en 1765 une «Bibliographie universelle, ou Catalogue général des Livres qu'on peut trouver chez les Libraires de Paris; Ouvrage qui doit se réimprimer chaque année» (F.L., 1769, art. «Neuve-Eglise»). Sans doute s'agit-il, comme l'a présumé Barbier, de la Bibliographie parisienne, dont 7 volumes parurent de 1771 à 1774. Cette publication plus ambitieuse dut le détourner de son Catalogue; les libraires, qui voyaient dans cette publication légère et rapide ou outil commode, confièrent le Catalogue, en septembre 1774, à Philippe-Denys Pierres (1741-1808). Nommé imprimeur en 1768, puis imprimeur ordinaire du Roi en 1779 et premier imprimeur du Roi en 1785, celui-ci parvint à donner au Journal de la Librairie un statut semi-officiel. Un avis en tête du volume de 1782 annonce: «Les Articles contenus dans ce Journal ne paroissent que huit jours après sur les couvertures du Mercure & du Journal de Genève, suivant accord entre MM. Panckoucke & Pierres». Cette exclusivité est officialisée peu après, comme le montre l'avis du volume de 1785: «Suivant l'Arrêt du Conseil d'Etat du Roi, du 23 décembre 1785, aucuns ouvrages ne peuvent être annoncés dans les autres Journaux & Feuilles périodiques, qu'ils ne l'aient été préalablement dans la Gazette de France, & le Journal de la Librairie, sous les peines y portées». Cet arrêt marque la naissance d'une bibliographie officielle de la France. Dans les tableaux statistiques établis par R. Estivals (p. 366), on observe une rapide progression des recensements du Journal de la Librairie après 1785: les textes officiels (arrêts, ordonnances, déclarations, etc.) passent de 867 à 1174 et plus; les livres à privilège passent de 668 à 953. Le total des livres recensés avait plus que doublé depuis les premières listes de 1763-1764. On peut être sévère, comme l'est R. Estivals, pour les erreurs, les négligences, les doublons du Journal de la Librairie; il reste qu'il est parvenu à rendre compte de la plus grande partie de la production autorisée en France. Estivals note lui-même, entre 1766 et 1787, un total de 13 637 titres annoncés, pour 10 890 permissions. Même avec un taux d'erreurs important, ces chiffres confirment l'intérêt présenté par le premier Journal de la Librairie.

Jean SGARD

 


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