ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 211

*CINQ ANNÉES LITTÉRAIRES (1748-1752)

1Titres Cinq années littéraires ou Nouvelles littéraires, &c. Des années 1748 [1749, 1750, 1751, 1752], par M. Clément.

Ce journal est la réimpression rétrospective de deux séries périodiques groupées: — 1748, 1749, 1750: Clément rédige pour un public d'abonnés lettrés en Europe des nouvelles à la main sur les ouvrages littéraires qui paraissent. — 1751, 1752, sous le titre Nouvelles littéraires de France, puis de France et d'Angleterre, Clément édite un périodique bimensuel régulier.

2Dates On trouve cinq éditions des Cinq années littéraires: première édition: La Haye, 4 vol., 1754; deuxième édition: Berlin, 2 vol., 1755; troisième édition: Berlin, 2 vol., 1756; quatrième édition: sous un autre titre (dont on peut penser qu'il cache une contrefaçon): Lettres critiques sur divers sujets de littérature ou Nouvelles littéraires critiques et amusantes, Amsterdam, 1761, 2 vol. La collection des Nouvelles littéraires, telles qu'elles parurent par numéro de 1751 à 1753 (1er févr. 1751 - 31 janv. 1753), ne comporte que les deux dernières des Cinq années.

Les nouvelles à la main, donc les lettres des trois premières années, ont une longueur et une périodicité variables. On en trouve parfois trois par mois, en général deux, et datées de Paris. Ce n'est qu'à partir du 15 juin 1750 que Clément adopte le rythme bimensuel (le 15 et le 30 de chaque mois) qui sera le sien dans les Nouvelles littéraires. Dates-limites des trois premières années: 11 janvier 1748 - 30 janvier 1751. Dates-limites des Nouvelles littéraires: 1er février 1751 - 31 janvier 1753, lettres datées, la première année, toutes de Paris, puis alternativement de Paris et de Londres.

3Description Nouvelles littéraires: 24 numéros par année, en tout 48 numéros de 4 p., 165 x 215, in-4º; un volume. Cinq années: la collection de La Haye en 4 volumes a un format de 90 x 140; celle en deux volumes de 90 x 160. Toutes les deux ont des tables des matières à la fin de chaque volume et publient après la lettre 67 (30 déc. 1750) un très long texte que l'auteur donne comme deux actes d'une pièce qu'il a traduite de l'anglais et qu'il intitule La Double métamorphose (en anglais: The Devil to pay).

4Publication Nouvelles littéraires: Pas d'adresse d'imprimeur. Le catalogue B.L. suppose le journal imprimé à Paris; il ne donne que des adresses de distributeurs: M. Clément, chez Alexandre Jamison, tailleur, près de King's Arms à Pall Mall; Maître du Bureau de Poste à Pall Mall; M. Arthur White's Chocolate House, St James Street. Libraires: Vaillant, Nourse et Changuion dans le Strand, M. Chastel, Compton Street, Soho, M. Dunoyer au bas de Hay Market. Chaque numéro 1 sh. Le premier distribué gratis (Prospectus du 21 janv. 1751).

Cinq années: première édition, La Haye, Ant. de Groot et fils imprimeurs, Pierre Gosse junior libraire. On souscrit pour une guinée par an ou un louis d'or. A Paris: M. Angus, caissier de M. le chevalier Lambert rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain; à Berlin, M. Jacques Deschamps pasteur de l'église française. Adresse de M. Clément: chez le Docteur Lawson, Soho Square. En 1754 et 1755 M. Clément, au Parlement d'Angleterre à La Haye (dans l'Avertissement de l'édition de La Haye). Pas d'imprimeur dans l'édition de Berlin: «se distribuent chez les libraires les plus consciencieux et les plus désintéressés». C'est une contrefaçon comme aussi celle de 1761, de La Haye, Lettres critiques.

5Collaborateurs Pierre CLÉMENT de Genève.

6Contenu Nouveautés littéraires, ouvrages parus, pièces de théâtre, nouvelles de la République des Lettres, caractères des auteurs du temps.

Centres d'intérêt: critique littéraire (poésie, théâtre, roman), histoire, science, voyages, agriculture, musique, médecine, faits divers, et l'Encyclopédie, dont il estlonguement parlé.

Auteurs: d'Argens, La Beaumelle, Bougainville, Bolingbroke, Bernoulli, Mme du Châtelet, Crébillon père et fils, Buffon, d'Alembert, Diderot, Duclos, Dubos, Destouches, Condillac, Euler, Franklin, Fielding, Fontenelle, Mme de Graffigny, Lefranc de Pompignan, Leibniz, La Mettrie, Mably, Marmontel, Montesquieu, Marivaux, Molière, Maupertuis, Rameau, Riccoboni, Piron, Raynal, Réaumur, Swift.

7Exemplaires Nouvelles littéraires: B.N., Z 9578; B.L., 11824 a a a 22; B.C.U. Lausanne, B 1500.

Cinq années: éd. La Haye, B.N., Z 45578-45581; B.M. Montpellier, 54023.

Ed. Berlin: B.N., 45581-45582. B.M. Montpellier, deux coll. V 9742 et 4839.

Lettres critiques: B.L., 48088.

8Bibliographie B.H.C.; H.P.L.P., t. III, p. 61-62; DP2, art. «Clément». – Réédition: Genève, Slatkine, 1967, 1 vol. (rééd. de la contrefaçon de Berlin). – Rosenberg C.I., «A critical analysis of Pierre Clement's Les Cinq Années Littéraires», Ph.D. dissertation, Northwestern Univ. Evanston, U.S.A. IL. 1959.

Historique L'histoire de ce journal est un exemple remarquable de la façon dont un journaliste est passé de la formule des «nouvelles à la main» à celle d'un périodique imprimé régulier. Parmi les journaux du XVIIIe siècle qui furent plusieurs fois réimprimés, et jusqu'à aujourd'hui, celui-ci tient sa place avec le Nouvelliste du Parnasse, les Mémoires secrets de Bachaumont, la Correspondance littéraire de Grimm.

Sur l'origine du périodique, les trois premières années de nouvelles à la main (1747-1750), puis les Nouvelles littéraires, la liste des souscripteurs que Clément donne au début des Cinq années (près de 200 noms d'Européens cultivés et titrés), et le contenu des «Lettres», il faut avant tout se reporter à l'analyse fine et complète de J.D. Candaux dans DP2.

Hatin (op. cit.) reconnaît à P. Clément de la chaleur, de la rapidité: «ses jugements sont courts, mais justes, précis et lumineux». Il cite à son propos la Correspondance littéraire. Grimm avec son «habituelle partialité caustique» (Hatin dixit), malmène fort Clément. Il le traite de «coquin subalterne», de «mauvais sujet» de «fou», de «maraud», et il insinue que, n'ayant pas d'esprit, il n'était que le prête-nom de Buffon. Mais il est sûr que certains des abonnés de Grimm l'ont d'abord été de Clément (la famille de Hesse-Darmstadt, en particulier). La hargne de Grimm pourrait bien être inspirée par le besoin d'affirmer son originalité en dénigrant un prédécesseur de renom.

Quand Clément interrompt les Nouvelles littéraires, il s'explique ainsi dans un avis daté du 31 janvier 1753 publié avec le dernier numéro des Nouvelles: «J'avais entrepris ces Nouvelles pour me faire connaître à Londres et me procurer, s'il était possible, une nouvelle occasion d'accompagner un jeune Seigneur dans ses voyages. [...] Après deux ans de travail j'ose dire, approuvé, je ne me trouve pas plus avancé que le premier jour et j'abandonne un ouvrage qui me fatigue et ne me mène point à mon but, et je me retire à Genève ma patrie où j'espère qu'on voudra bien me recevoir». Ces raisons ne sont ni très claires ni très convaincantes. Abandonner, quand on a un tel public? Ce n'est que deux ans plus tard que Clément tombera malade mentalement. Mais c'est à peu près le moment où commence la Correspondance littéraire, et il faudrait peut-être penser à rapprocher les deux faits.

Le succès de ce périodique, contrefait et réédité, témoigne de la valeur de cette critique. Clément n'a laissé passer aucun des grands livres de l'époque, il reconnaît d'instinct tous les bons auteurs. Il écrit bien et il est reçu par toute l'Europe. Son jugement critique, son talent littéraire le font enfin reconnaître comme un des bons témoins du «Midi des Lumières».

Madeleine FABRE

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)